jeudi 2 avril 2015

Celui qui entre par hasard (poéme)

Celui qui entre par hasard dans la demeure d'un poète
Ne sait pas que les meubles ont pouvoir sur lui
Que chaque noeud du bois renferme davantage
De cris d'oiseaux que tout le coeur de la forêt
Il suffit q'une lampe pose son  cou de femme
A la tombée du soir contre un angle verni
Pour délivrer soudain mille peuples d'abeilles
Et l'odeur de pain frais dans des cerisiers fleuris
Car tel est le bonheur de cette solitude
Q'une caresse toute plate de la main
Redonne a ces grands meubles noirs et taciturnes
La légèreté d'un arbre dans le matin

Rene Guy Cadou
Hélène ou le règne végétal.

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